A jamais olympiens 5 : Fabien BARTHEZ, ange ou démon…???

C’est l’histoire d’un minot du Sud Ouest, de l’ARIEGE plus précisément.

Un minot pas tout a fait comme les autres de la région, un pingouin comme on aime surnommer, les footeux.

Fabien BARTHEZ est né 28 juin 1971 à LAVELANET, donc dans l’ARIEGE.

Mordu de sport, dès son plus jeune age, Fabien allie le foot au rugby.

Il évolue comme arrière avec les équipe de jeunes du 15 de l’Etoile Sportive Laroquaise, tout en retrouvant ses collègues footeux du Stade Lavelanetien. Une double passion et double pratique qui le suivront jusqu’à ses 15 ans.

A l’âge de 7 ans et demi, son éducateur de football de l’époque Monsieur Aimé GOUDOU, place le jeune Fabien comme gardien de but ; essai concluant. Sa sûreté de main travaillée au rugby et sa relance du pied gauche fait déjà merveille sur les stades de foot régionaux.

Alors qu’il est seulement catégories pupilles (U13 de nos jours), Aimé GOUDOU teste le jeune Fabien dans un tournoi de sixte seniors.

Bercé par l’ovalie de par son département, de par sa région… de par son paternel international de rugby demi d’ouverture du RC NARBONNE : Alain BARTHEZ, Fabien choisit le foot sport des manchots comme l’on dit dans son entourage.

Ses exploits attirent le regard de tout le département. Michel VERGE, CTD de l’ARIEGE.

« Il s’amusait avec des copains. J’ai vu ce gamin plonger à droite, à gauche… Ses capacités sont réelles. Je lui ai proposé de participer à un stage à PAMIERS, et il n’a plus quitté les sélections jeunes de la région. Il surclassait ses coéquipiers dans le but. Ce sont ses lectures de trajectoires de balle qui m’ont le plus impressionné ».Michel VERGE

I – La chrysalide violette.

Habitué aux nombreuses convocations régionales, été 1986, Fabien est repéré par un certain Elie BAUP, responsable des gardien au TOULOUSE FC et lui fait signer un contrat de 2ans en pré-formation. Il réussit avec succès son passage en cadets nationaux.

« C’était une rencontre formidable. C’était un gamin qui avait envie de faire du foot, il venait d’une famille tournée vers le sport. Son père était rugbyman, qui a notamment joué à Narbonne. Il a été éduqué à faire plusieurs sports. Gardien, c’est le poste qui lui plaisait. Il était vraiment adroit avec ses pieds, avec ses mains. Il plongeait sur du goudron. On l’a détecté lors de la Coupe nationale des minimes. Il est allé à Vichy pour représenter la délégation Midi-Pyrénées. Les jeunes faisaient la sieste avant de faire les matchs. Et quand on l’a appelé, il dormait sur son lit avec la tenue de gardien. Il ne voulait surtout pas rater le match. On a rigolé. Il a montré une telle adresse, une telle facilité, qu’on n’a pas eu de mal ensuite pour l’accompagner au plus haut niveau » Elie BAUP

BARTHEZ intègre le centre de formation au CREPS de LESPINET dirigé par Serge DELMAS pendant 3 années.

Il y côtoie les futurs professionnels Laurent BATTLES, Mickaël DEBEVE, Anthony BANCAREL, Teddy RICHERT, en compagnie desquels il accède à l’équipe réserve professionnelle (division 3).

Avec ses amis, le jeune BARTHEZ fait déjà les 400 coups.

« C’était un filou mais pas un voyou. Un jour au centre de formation il a fait le mur. Avec DELMAS, on s’est mis d’accord pour lui flanquer la trouille de sa vie. Le lendemain, Fabien m’appelle affolé « Papa ! Papa ! Je vais être viré ! » » Alain BARTHEZ

« Une fois, il est parti je ne sais pas où. On l’a attendu. Il était avec deux ou trois autres jeunes du groupe. Il sont rentrés à une heure du matin. Pour les punir, on a allumé les projecteurs du stade et on les a fait s’entraîner jusqu’à deux ou trois heures. Parfois, il faisait le mur pour aller voir des filles. Mais ça ne lui arrivait pas souvent. Ça faisait partie du folklore de cette génération là. C’était une belle époque, c’était formidable. Des fois on laissait passer, des fois on sanctionnait. Mais il aimait trop le foot, donc il ne se mettait jamais en porte à faux. Il voulait à tout prix réussir, il n’avait que cette passion. Même si à côté il avait ses petites histoires d’adolescent, il ne perdait jamais de vue que l’entraînement et le jeu étaient un domaine où il fallait être appliqué. » Elie BAUP

II – L’éclosion.

Lors de la saison 1991 – 1992, pendant que l’OM essaie de panser ses plaies incurables de la défaite à BARI, l’entraîneur de l’équipe pro du TFC incorpore Fabien comme 3ème gardien derrière Robin HUC et Olivier PEDEMAS.

Suite à une hécatombe de blessures des gardiens toulousain, le 22 septembre 1991, à tout juste 20 ans, Fabien est projeté en équipe une sur la pelouse Marcel PICOT de NANCY.

25e minute, David Zitelli décoche une frappe lourde des trente mètres qu’il ne peut qu’effleurer. Finalement, les Toulousains ramènent un bon match nul (1-1). Malgré sa délicate entame de match, les observateurs notent déjà les qualités de ce jeune gardien.

« Je suis resté paralysé sur ma ligne pendant une demi-heure ». Fabien BARTHEZ

Il dispute vingt-six matchs durant cette saison durant lesquels il paraît nettement moins timoré et relègue ses deux partenaires sur le banc.

Devenu international espoirs, BARTHEZ réussit de bonnes prestations contre les grosses écuries comme Monaco, le PSG et surtout l’Olympique de Marseille. Ce jour-là, malgré la défaite (2-0) face aux assauts de l’armada marseillaise, Bernard Tapie tombe sous son charme.

Nanard fait une proposition pour acheter Barthez à qui il propose un contrat de quatre ans avec un salaire multiplié par cinq. Fabien hésite devant la présence de Pascal OLMETA dans les buts olympiens et ne veut pas se morfondre sur le banc de touche. Rassuré par son père, il s’engage et paraphe le document.

III – De Fabulous Fab à Fabulous Mad (OM 1992 – 1995).

Saison 1992 – 1993, Fabien arrive à l’OM en tant que second gardien derrière le fantasque OLMETA.

Le 30 septembre 1992 lors du 16ème de finale retour de ligue des champions, le jeune Fabien effectue ses grands débuts avec l’OM, il ne quittera plus l’équipe type.

« Fabulous Fab » est né.

BARTHEZ c’est le sens de l’anticipation, la sécurité de mains, l’explosivité, le jeu aux pieds, les sortie aérienne, des réflexes hors normes.

Mais sa plus grosse qualité était sa faculté de préparation et d’aborder les matchs.

Finale de la Ligue des Champions 1993.

Dans le bus qui va au stade de Munich, ses coéquipiers (dont certains ont joué des finales de Coupe du Monde, d’Euro ou de Ligue des Champions) se concentrent tant bien que mal en voyant venir le grand Milan de Marco VAN BASTEN, dont le dernier glané l’année d’avant. Le Pas-Encore-Chauve, lui… s’endort.

« Putain les gars, le mec doit jouer une finale de Coupe d’Europe et il est en train de dormir. » Bernard TAPIE sur BARTHEZ

Normal, la nuit d’avant avait été courte. Incapable de trouver le sommeil, le jeune gardien regardait la télévision lorsque Jean-Pierre BERNES l’a surpris à 3 heures du matin : « Il a dû voir de la lumière sous la porte. Il est entré tout doucement et m’a vu assis. Interloqué, il m’a dit : ‘Mais tu fais quoi, là ? Y a une finale demain ! Tu te rends compte de ce que tu joues ?' »

Le natif de Toulouse n’est tellement pas sous pression qu’il parvient même à oublier ses gants à l’hôtel où logeaient les Marseillais.

Mais Fabulous Fab n’en était pas là à sa dernière « bourde », puisqu’il les a à nouveau égarés au milieu du terrain, après la cérémonie de présentation des équipes.

Saison 1994 – 1995, Division 2.

L’OM vient d’être rétrogradé administrativement en division 2.

Les joueurs quittent massivement le navire (les champions d’Europe Jocelyn ANGLOMA, Didier DESCHAMPS, Rudi VOLLER, Basile BOLI, Eric DI MECO, jean Christophe THOMAS et la nouvelle trouvaille le buteur brésilien Sonny ANDERSON).

Trois joueurs acceptent de rester afin de refaire monter le club, Jean Philippe DURAND, Bernard CASONI et… Fabien BARTHEZ (alors que l’équipe de France lui ouvre ses portes).

Avec cette descente au purgatoire et le contrat avec « ADIDAS » se terminant, Bernard TAPIE choisit la firme américaine « REEBOK » comme sponsor principal pour une durée d’un an. À l’occasion d’un match de pré-saison, par « inattention », le fantasque gardien international français arbore un maillot ADIDAS alors que le club était en contrat avec « REEBOK ».

Malgré une saison pleine et une montée acquise sur le terrain, la ligue en décide autrement et maintien le club olympien et deuxième année en seconde division.

Ayant mis sa carrière internationale en péril avec cette rétrogradation et avec sur les conseils de son futur mentor Aymé JACQUET, Fabien redécouvre la première division et signe à l’AS Monaco.

IV – Parenthèses monégasque et mancunienne (1995- 2004).

Pendant cinq longues années au bord du rocher puis quatre autres dans la froideur du nord de l’Angleterre, Fabien BARTHEZ participera à 333 rencontres de très haut niveau.

Il se forgera un beau palmares avec deux championnats de France en 1997 et 2000, un trophée de champions en 1997 avec l’AS Monaco, deux championnats d’Angleterre en 2001 et 2003 avec Manchester United, une coupe du Monde en 1998, un championnat d’Europe des nations en 2000, et une coupe des confédération en 2003 avec l’équipe de France.

Lors de la coupe du Monde 1998, son ami Laurent Blanc avait l’habitude de lui embrasser le crâne avant chaque match que les deux hommes devaient disputer ensemble.

Dans un entretien accordé à La dépêche, l’ex et futur gardien phocéen est revenu sur cet acte peu commun dans le foot.

« L’histoire de ce baiser a commencé au Championnat d’Europe en 1996 en Angleterre. Mais c’est un secret entre nous. Très peu de joueurs sont au courant de l’origine de tout cela. C’est une manière de se dire bonjour. On le fait même en dehors du terrain » Fabien BARTHEZ

Toujours en 1998, lors du quart de finale de la Coupe du Monde à domicile, rebelote. Fabien va jouer le plus grand match de sa vie, mais n’en a cure. Il avait déjà prouvé plus tôt qu’il y allait tranquillou, contre les Italiens par exemple : avant la séance des tirs au but, Fabien blague avec les remplaçants, sur le banc, et pendant la séance, il met quelques secondes à comprendre que le tir de DI BAGGIO qui s’écrase sur la barre signifie que la France file en demi. Malin : en ne sachant pas à quel score on se trouve, aucun tir décisif ne peut amener un stress supplémentaire…

On se souvient de cette plaisanterie, glissée à un coéquipier juste avant la terrible série de tirs au but lors du France-Italie de la Coupe du monde 1998, véritable année zéro du foot français :

Fabien BARTHEZ : «J’ai la gigite.»

Son coéquipier : «La quoi ?»

Fabien BARTHEZ : «La gigite. Les poils du cul qui s’agitent.».

Toujours en 1998, lors de la finale de la Coupe du Monde.

A l’échauffement, après un contact très léger avec l’entraîneur des gardiens, Philippe BERGEROO, il fait mine de se tordre de douleur en criant qu’il lui a « pété le genou. ».

Ce dernier avouera qu’il a eu la peur de sa vie. BARTHEZ, lui, se marre.

Et continuera pendant l’hymne : il souffle un truc à Bixente LIZARAZU, à sa gauche, et les deux joueurs pouffent de rire devant la caméra. C’est vrai quoi : qu’est-ce qu’on doit se marrer avant de jouer le Brésil de RONALDO en finale… Vous ne pensez pas ? Un peu casse-cou sur les bords, Fabulous Fab défonce d’ailleurs R9 alors que ce dernier est lancé en profondeur, dans une action restée célèbre.

« Pas besoin d’avoir des long cheveux pour avoir une queue de cheval. » Fabien BARTHEZ

V – Une dernière pige à Marseille pour service rendu (2004- 2006)

En manque de temps de jeu, le 2 janvier 2004, Fabien BARTHEZ est prêté par Manchester United à son club de cœur l’Olympique de Marseille.

A son arrivée, Fabien Barthez veut chasser immédiatement les doutes entourant sa venue, après six mois compliqués avec MU, où il est devenu le remplaçant de… Tim HOWARD.

Pour son premier match sous ses nouvelles couleurs, contre le RC Strasbourg, en Coupe de France, le Divin Chauve arrête deux penaltys de suite, puis inscrit le penalty gagnant face à Richard DUTRUEL, pas la pire des gardiens. C’est que Fabien s’est toujours fait remarquer par sa tranquillité, voire son insouciance, lors des moments de tensions. Et là, ce n’était qu’un petit tour d’une coupe nationale.

Après une honnête campagne 2003 – 2004 en Ligue des champions, l’OM finit 3ème de son groupe et donc basculé en Europa League.

Fabien prend la succession de l’exemplaire croate Vedran RUNJE.

Après des qualification contre Dniepr, Liverpool, Inter de Milan et Newcastle, l’OM chute en finale contre le FC Valence.

Le 19 mai 2004, à la fin d’une mi-temps très équilibré Fabien BARTHEZ provoque un penalty et se fait expulser. La suite nous la connaissons.

« On revenait de Madrid où on en avait pris 4. Alain PERRIN organise une séance vidéo de plusieurs heures où il nous montre comment le Real a joué, ce qu’on aurait pu mieux faire. Tout le monde est fatigué et à la fin, Perrin demande son avis à BARTHEZ. Il le regarde et lui dit « pff… Franchement, les joueurs se font chier avec vous. Trois heures de vidéo, j’ai vu ça nulle part, même avec FERGUSON »  » Habib BEYE – Source: Footmarseille.com

À l’issue de ce prêt et grâce aux bonnes performances de BARTHEZ dans les cages marseillaises, l’OM et Manchester United s’entendent sur un transfert définitif basé sur un contrat de deux saisons.

Le 12 février 2005 lors d’un match amical WAC Casablanca – OM, Fabien alors sur le banc, profite d’une embrouille entre joueurs pour rentrer sur le terrain et crache sur l’arbitre Mr Abdellah EL ACHIRRI.

Il est suspendu six mois et doit effectuer des travaux d’intérêt général :

* Intervention aux pôles Espoirs de Toulouse et d’Aix-en-Provence

* Présence à la journée de l’arbitrage les 8 ou 9 octobre 2005

* Tournée des plages de Méditerranée pour promouvoir le football de plage

* Participation à Clairefontaine à une journée de futsal

* Opération auprès du football féminin

* Encadrement de jeunes (débutants, poussins, benjamins) pour une journée d’accueil dans la Ligue de Corse Intervention à Toulon contre la violence et les incivilités dans le football

* Opération auprès du football handisport

* Journée de football dans un quartier difficile

Cette action, surprenante de la part d’un garçon qui apparaît généralement détaché, se passe lors de son second passage à Marseille, qu’il rejoint en janvier 2004.

16 octobre 2005, lors d’un OM – PSG, Fabien redevient titulaire jusqu’au restant de la saison.

La veille du dernier match de la saison, le 12 mai 2006, son contrat touchant à sa fin, il annonce qu’il quitte Marseille.

Fabien BARTHEZ au même titre que Pascal OLMETA, a prouvé son OM-compatibilité.

Quoi de plus normal qu’un fou à Marseille, l’insouciante, la rebelle, l’indomptable, la dépravée, l’excessive…

L’OM, un mythe, une foi, une religion, un combat… Allez l’OM…

Cirillao do massilia

Publié par cirillaodomassilia

49 ans, gardois et supporter de l'OM depuis 1986... 36 ans d'amour et de dévotion, de joies et de peines... Marseillais un jour, marseillais toujours... L’OM, un mythe, une foi, une religion, un combat… Allez L’OM...

16 commentaires sur « A jamais olympiens 5 : Fabien BARTHEZ, ange ou démon…??? »

    1. Erci frerot….
      A la relecture des carrières olympienne de Barthez et de Olmeta, je me rend compte que à côté d’eux, Mandanda c’est plat, très plat… Je ne met pas ses compétences en cause mais quand tu as dans ton effectif des barjots comme fab et Pascal, ta saison est autre et spectaculaire…
      Marseille a besoin de joueurs comme ça… Des Waddle, des Barton, des Jérôme Leroy…

      Aimé par 2 personnes

  1. Pour moi un des tous meilleurs joueurs de notre histoire avec des hauts et des bas. Dommage qu’il rate son match face à Valence en 2004. On s’était fait baisé comme rarement ce jour là…

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