Pas le même maillot.

La 35ème journée de championnat 2022-2023 aura été riche en événements. Des évènements heureux à commencer par la victoire de l’OM face à Angers, mais également la défaite des lyonnais à Clermont, en dépit d’un nouveau penalty offert généreusement par le corps arbitral pour fêter la mise à la retraite de papi Zinzin. Et pour votre serviteur, évidemment la victoire du Racing Club de Strasbourg entraînant de fait la sortie de route réjouissante du petit club niçois aux moeurs ultra droitières. Mais aussi des événements plus malheureux, tels que les victoires d’un minuscule psg, qui se dirige toutefois à nouveau tranquillement vers le titre, ou encore le succès des Ch’tis lensois que tout le monde aime aimer au bénéfice une nouvelle fois de décisions arbitrales favorables sur plusieurs actions litigieuses. Mais parmi tous ces résultats sportifs somme toute assez banals, un autre événement s’est taillé une part belle de l’attention ce week-end, trouvant un écho médiatique conséquent bien vite récupéré sur le plan politique.

Comme chaque année depuis 5 ans, la Ligue de Football Professionnelle a consacré une journée de compétition en Ligue 1 et Ligue 2 pour promouvoir la lutte contre l’homophobie. Cette journée symbolique devait en théorie fédérer tous les acteurs du football professionnel autour d’un même combat afin de dénoncer les discriminations à caractère sexuel. Hélas, l’an dernier déjà, certains joueurs, dont l’ex-parisien Idrissa Gueye, avaient suscité l’émoi en refusant de participer à cette action collective. Bien évidemment, cette nouvelle journée de mobilisation n’a pas échappé à la polémique, et plusieurs joueurs notamment de Guingamp, Nantes ou Toulouse ont renoncé à s’associer à cette cause. Certains d’entre eux ont choisi de s’en expliquer sur les réseaux sociaux, habituel déversoir des plus basses humeurs de la foule et outil de communication incontournable pour essayer de soigner son image. D’autres ont pour le moment préféré garder le silence. Les clubs concernés ont également publié leurs communiqués embarrassés et de nombreux acteurs du foot ont été invités à s’exprimer sur ces initiatives personnelles. On retiendra notamment la sortie lunaire de Bruno Genesio, l’entraîneur rennais, qui n’a rien trouvé de mieux à déclarer sur le sujet que : « (…) nous sommes là pour jouer au foot et c’est ça qui est le plus important. Chacun est libre de penser et faire ce qu’il veut. Je vous le dis, on est contre toutes les formes de discriminations mais je ne suis pas certain que ce soit nécessaire de faire une journée contre l’homophobie. Je pense qu’on a tous conscience de ça et que ce n’est pas la peine de vouloir afficher tout le temps… On peut aussi avoir plein d’autres causes pour lesquelles on pourrait jouer toutes les semaines avec des maillots différents. » Si la parole est d’argent, parfois le silence est d’or.

Alors évidemment on pourrait entendre les arguments de ceux qui soutiennent que les joueurs doivent demeurer libres de choisir les causes qu’ils défendent. Que la liberté individuelle prévaut sur les actions collectives, même lorsque ces dernières se veulent humanistes et bienveillantes. Mais rappelons peut-être déjà de quoi il est question au juste ? On ne demande pas ici à des millionnaires en short de se transformer en Martin Luther King de la cause LGBT. On ne leur demande pas non plus d’adhérer aux associations militantes qui s’engagent au quotidien pour défendre les hommes, les femmes ou les adolescents, de quelque origine qu’ils soient, des attaques homophobes ou transphobes dont ils peuvent être victimes. La seule chose qui leur a été demandée consistait à faire leur métier en portant un maillot ou un brassard aux couleurs de l’arc en ciel. D’effectuer un simple geste de solidarité et de bon sens en somme.

Malheureusement, il faut bien constater une nouvelle fois que le sujet de l’homosexualité reste un sujet tabou dans le monde du football lorsqu’il ne suscite pas carrément de la méfiance, du dégoût ou du rejet. Que certains acteurs du football se retranchent derrière le fait que la sexualité relève de la vie privée et devrait le rester tout en Instagramant chaque jour leur propre vie privée (femmes, enfants, repas du soir, convictions religieuses…) est assez difficile à comprendre. Contradiction quand tu nous tiens. Comme l’homosexualité n’a souvent droit à aucune visibilité dans le sport en général et le football en particulier, à l’exception de ces journées spécifiques de mobilisation, l’homophobie ne concernerait pas les sportifs voire n’aurait aucune raison d’exister au sein de la société. Et, de ce fait, la lutte contre l’homophobie ne peut être considérée comme une lutte suffisamment importante pour s’engager un tant soit peu durant 90 minutes par certains footballeurs qui préfèrent se draper derrière leurs convictions personnelles plutôt que derrière un bout de tissu coloré. Attention cependant, car il ne faudrait pas non plus se laisser aveugler par une minorité agissante au risque d’oublier que la plupart des joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 n’ont visiblement aucun problème avec les couleurs de l’arc en ciel…Ouf…

Cependant, il est visiblement encore utile de rappeler à certains en 2023 que la lutte contre l’homophobie n’est pas une idéologie, puisque l’homophobie n’est ni une opinion, ni une croyance mais un délit. La lutte contre l’homophobie, et contre toutes les autres formes de discrimination, est l’affaire de tous les citoyens et de la société elle-même. Il n’y a pas à choisir entre son identité et le socle commun sur lequel reposent les valeurs et les droits qui nous lient dans une seule communauté de destins. Ce socle universel n’est pas négociable et doit rester inébranlable (y compris lors d’une Coupe du Monde organisée au Qatar n’est ce pas M. Le Graet, hypocrisie quand tu nous tiens…). Que ce soit en France ou dans n’importe quelle autre partie du monde, il ne peut être remis en cause de quelque manière que ce soit. Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain.

Publié par guigslamangouste

Citoyen du monde, accroc depuis au moins 30 ans à l'OM. Ce club représente pour moi un concentré d'émotions irrationnelles. Un vecteur de rassemblement par delà toutes les origines, classes sociales ou frontières. Collectivement on va toujours plus loin que seul.

4 commentaires sur « Pas le même maillot. »

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