Accusé Gerson levez vous !

Habillé de son plus beau smoking Dolce Gabbana, lunettes de soleil Yves St Laurent sur les yeux et boucle d’oreille en diamant 24 carrats vissée à l’oreille gauche, accompagné de son père, avocat et agent, Gerson grimpe quatre à quatre les marches qui le conduisent sur le perron devant l’entrée du tribunal de Marseille. Arrivé au sommet, il se retourne une dernière fois pour adresser un V de la victoire et un grand sourire aux supporters olympiens venus le conspuer chaleureusement, au premier rang desquels un certain Éric Di Meco. Un photographe d’un média local s’approche pour immortaliser la scène et, dans sa hâte, bouscule légèrement le numéro 8 marseillais qui effectue une pirouette sur lui même avant de s’effondrer au sol. Coup franc pour l’OM. Malgré la douleur, le brésilien se relève immédiatement comme il en a l’habitude. Le regard noir en direction du fautif, il reprend avec assurance sa progression afin de rejoindre la salle d’audience. Déterminé à prouver son innocence des faits qui lui sont reprochés, Gerson prend place dans le prétoire. Le Juge Igor s’avance alors l’air sévère et s’installe à son fauteuil pour ouvrir le procès tant attendu.

-« Monsieur Gerson, levez-vous. Vous êtes ici devant nous aujourd’hui afin de répondre des accusations portées contre vous. Accusations relayées par de nombreux temoins, y compris moi même. Jurez vous de dire toute la vérité, rien que la vérité ?

–Y’e le youre Monsieur le Youje.

–Très bien. Monsieur Gerson, la cour vous rappelle que vous êtes accusé des faits suivants : refus d’obtempérer et rébellion contre un représentant de l’autorité publique, refus de replacement, refus d’effectuer des courses à haute intensité et refus de disputer des duels contre des Corses, des Alsaciens et des Allemands, pilosité faciale négligée et surcharge pondérale au niveau du postérieur, participation à une entreprise à visée terroriste en compagnie de votre accolyte Dimitri P., organisation de barbecues rougail saucisses les veilles de matchs sans autorisation présidentielle en compagnie de votre accolyte susnommé, passes approximatives volontaires à destination de vos coéquipiers, tentative de sabotage d’un schéma tactique en bande organisée, dérive sectaire au sein de la loge maçonnique des adorateurs du Grand Maître argentin tatoué, détournement de 25M d’euros au profit de votre ancien employeur à Botafogo, et enfin menaces d’evasion à l’étranger par l’entremise de votre père, avocat et agent ici présent…Qu’avez vous à répondre à celà pour votre défense Monsieur Gerson ?

–Y’e souis innocent, Monsieur le Youje. Y’ai fait tous les efforts que votre honneur m’a demandé de faire. Y’ai respecté ma liberté conditionnelle en pointant à tous les matchs sour le banc de touche. Y’ai fait des passes à Balerdi, à Gigot, à Veretout…même à Souarez. Y’e vous le youre Monsieur le Youje, y’ai tout essayé. Ils sont nouls. Y’ai broulé toutes mes idoles de San Paoli. Y’ai essayé de me faire pousser les cheveux comme Guendouzi. Y’ai arrêté d’inviter Dimitri à des soirées chicha-barbecou. Y’ai courru, y’ai courru, y’ai courru…y’e le youre Monsieur le Youje.

–Malheureusement, Monsieur Gerson, les preuves à votre encontre sont accablantes. La cour se doit de vous punir sévèrement afin de mater la révolte qui gronde rendre justice à tous vos valeureux coéquipiers et aux nombreux supporters qui ont cru en vous. Vous êtes une honte pour le football M.Gerson. Votre technique est une insulte au jeu de transition, votre nonchalance dans le pressing est un véritable outrage à cette cour. Monsieur Gerson je vous condamne à une peine de prison à vie que vous passerez sur le banc en compagnie du grand Touré et de votre accolyte Dimitri P. Je vous condamne aussi à visionner l’intégrale des vidéos des frappes manquées de Valentin Rongier et des erreurs défensives de Leonardo Balerdi. Je vous condamne également à une peine de réparation en participant à un atelier jonglage et conduite de balle hebdomadaire avec Bamba Dieng. Enfin, je vous condamne à regarder toute la coupe du monde au Qatar à la télévision aux côtés de Romain Canuti, Éric Di Meco et Jérôme Rothen.

–Non Monsieur le Youje…. pitié… pitié…y’e vous promets d’être sage et obéissant en attendant mon transfert au pénitencier de Séville cet hiver. Ensuite vous n’entendrez plou yamais parler de moi, ni de mon père, ni de ma mère, ni de mes frères, ni de mes…

–Bon, bon, bon…il suffit Monsieur Gerson ! La cour a rendu son verdict. Et silence dans la salle, on ne s’entend plus condamner ! Adjudant Mbemba, veuillez conduire le coupable au trou où l’y attend déjà son accolyte Monsieur Dimitri P. Mettez les au pain sec et à l’eau. Et qu’on leur apporte un tapis de course. »