Deux Jours Moins Le Quart Avant Le Classico: Insomnie à Paris

Un SMS, en pleine nuit: »Tu dors? »

 » Putain, il se fout de ma gueule en plus », se dit il en regardant son téléphone.  » Ça ne lui suffit plus de m’humilier pendant les matchs… »

Sa tête lui fait affreusement mal. Les courbatures ont pris possession de son corps. Et ses yeux sont maintenant grands ouverts. Les mots continuent de raisonner dans son esprit, comme un écho infini.  » Tudor?… Tudor?… Lui, c’est sur qu’il doit dormir à cette heure! »

Un deuxième SMS: « Rappelles moi, stp! »

« Putain, mais laissez moi être malade ! Il m’a pris pour Neymar ou quoi pour m’écrire à 4 heure du matin ! »

Et G. se rappelle la dernière fois qu’il l’avait derangé en pleine nuit.  » Putain! C’était pour savoir si j’avais pas l’idée d’un milieu de terrain à lui proposer ??? Allo???Non mais allô quoi ! T’es Campos et t’as pas d’idée ?!! C’est comme si je te dis t’es Campos et t’as pas de cheveux !?? T’es Nasser et t’as pas de Sarkozy comme porte clé !?? « 

Et G. chante, pour lui même :  » Allô Paris, tout est foutu, tout est fini ! »

G. réalise soudain ce qu’il vient de prononcer.  » Putain, mais qui c’est qui m’a mis les paroles de Mano Solo dans la tête !!! »

Après un arrêt au stand, G. s’allonge sur son canap et allume la télé. Il tombe sur un replay de la Chaîne Officielle du PSG, autrement appelé La chaîne l’équipe, mais pas de chance c’est Micoud qui est en train de parler:  » T’es entraineur de Paris et t as pas de tactique? T as pas de circuit préférentiel de passes? Juste balancer sur Mbappé… Voilà, t’as 889 M de budget, mais tout ce que tu proposes c’est de jouer le contre, comme à Saint Étienne, comme à Lille, et comme à Nice ! »

G. recrache sa ricoré sur la photo dédicacé de Lionel Messi. Il est écrit : » Por Fabien Galthier, el numéro uno ! » et G. s’énerve en relisant la dedicace: « Putain, il sait même pas comment je m’appelle ! »

Puis il repense à Micoud: « Putain, si je t’avais croisé dans le couloir du Vélodrome toi, tu n’aurais pas fais le gaillard ! » En Argentine, on dit le gallardo, mais c’est une autre histoire.

« Putain, mais ils croient tous que c’est facile de faire une tactique avec ces gars là. C’est pas un effectif, c’est une blague : t as un mec qui marche, un mec qui plonge, et un mec qui court. Amuse toi à trouver une harmonie si t es si malin !!! A moins d’en mettre un éventuellement sur un char à voile, je fais comment pour les faire jouer ensemble…Si tu ajoutes un mec au milieu qui fait que parler. Un defenseur français qui me parle dans une langue à laquelle je pige que dalle…Les autres qui sont bloqués sur la marche arrière… Il me manquait plus qu’un directeur sportif qui me fasse une imitation d’Antonetti sur le banc de touche pour être complet! »

Et G. se remet à chanter : « J’ai pas la vie qu’est trop facile. Je sais même plus si c’est ça une vie. Je suis pas prêt d’être moins triste, surtout quand je nous vois ! » Et il s’énerve encore :  » Putain, mais qui c’est qui m’a mis la chanson de Mano Solo dans la tête « 

Le téléphone vibre de nouveau…  » Putain, je préférais quand je recevais les mms cochons d’Alain Perrin: au moins, ils étaient moins nombreux! »

Ou quand il recevait les SMS de Roland Romeyer lui demandant de lui expliquer ce qu’était le hors-jeu.

Ou quand il recevait un message de Gérard Lopez lui demandant s’il acceptait de toucher son salaire du mois dernier après la vente de 13 joueurs.

Ou quand il recevait les appels de Jean Pierre Rivere, hilare:  » C’est bon, j’ai obtenu le prêt d’Amavi haha. Ils sont cons de renforcer la concurrence ceux là ! »

Et des rires, Rivere était passé aux larmes….

G. lit le message de Campos :  » Bon, visiblement tu dors…J’espère que tu ne fais pas des cauchemars d’Igor au moins. Comme tu es malade, je t’ai fait la compo pour dimanche. Je te la donnerai demain Ne me remercie pas, c’est cadeau ! »

Alors G. éteint la télé, et il donne trois grands coups dans la table, aussi fort qu’au temps où il était joueur:  » Putain ! Putain ! Putain ! » Et il prend son téléphone, énervé. La main le fait énormément souffrir d’avoir tapé comme un bourrin, mais il s’en fout, il va voir ce qu’il va voir l’autre guignol d’Antonetti portugais, à se foutre de sa gueule. Mais au moment d’envoyer le message, il est paralysé. Il n’ose pas appuyer sur la flèche. Il relis son message: « Je ne sais pas ce qui me retient de te casser la gueule! » Et il pense:  » La trouille peut etre? »

Alors G. efface tout ce qui était écrit, et il se contente d’un simple  » Obrigado. » Et d’un smiley clin d’œil. Complicité. On est des potes. Ne me vires pas. Sous entendu.

Puis, il s’allonge. « Comment je vais retrouver le sommeil, moi?!! Il voit sur la table basse le bouquin que Madame lisait hier soir, pendant qu’il tremblait, et que la fièvre l’achevait. C’est « Le procès », de Kafka.  » Qu’est ce que c’est cette merde? » demande G. sans réelle curiosité.

Il le prend dans sa main. Le parcourt, rapidement en faisant la moue. Puis G. passe directement à la dernière page, et, à voix haute, il lit la dernière phrase: « Comme un chien, dit K., comme si la honte dut lui survivre… »

Et il referme le livre. « Putain ! » se dit G. En chuchotant très fort.  » Putain !  »

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