Petit & Grand Pardon

Tableau II : Février

« Il est plus facile de pardonner à un ennemi qu’à un ami », écrivait William Blake.

Le pardon, le petit comme le grand, est-il une marque de faiblesse ou nous libère-t-il des rancunes et des rancœurs ? La question ne date pas d’hier mais n’est pas facile à trancher. On peut s’offrir une rapide revue des demandes de pardon récentes, sans vraiment savoir si elle nous aidera à choisir, et, donc, à pardonner.

Dieudonné. Le clown noir, talentueux et plaintif, nous a servi une nouvelle version de son rituel mea culpa. Avec les accents de la sincérité, pour partir en paix, comme il le dit lui-même. Je suis de ceux qui, malgré mes attaches familiales contraires, ont toujours défendu SA liberté d’expression. Nous ne sommes pas très nombreux à ne pas être partisans ou en collusion, mais pas non plus à hurler avec les loups, ou, comme le disait si bien le Sétois majeur, faire comme « tout le monde » (viendra me voir pendu / sauf les aveugles, bien entendu)… Ni victime, ni bourreau, je laisserai échapper mon rire, qui mérite de rester libre.

Palmade. Le Bordelais amateur de scrabble et de poudre d’escampette a dépassé les bornes, sciemment, semble-t-il. Son entourage, à connotation fortement juridique, a lancé une bordée de demandes d’excuses, plus par principe qu’autre chose, semble-t-il. Mais pas l’intéressé. En rapport avec la destruction massive occasionnée – je vous passe le détail, sordide et surexposé, merci BFM – c’est bien peu. C’est insuffisant. Très. AVC ou pas, le pardon est ici une ligne d’horizon à peine palpable.

Zelensky. L’ex-excité médiatique aux sweat-shirts impeccables a demandé pardon, lui aussi. Pas pour l’avenue Bandera, pas pour les décorations du régiment Azov. Non, il a demandé pardon au moment de diffuser à « son » peuple les images de Boutcha, charnier supposé, et nouvelle évocation de génocide – notion réchauffée à l’envi, non délimitée, coup de poing à l’âme. ARTE, nouveau phare occidental, semble persuadée que les Russes sont vraiment très méchants et que Zelensky est quand même vraiment très gentil. Ce pardon insidieux étant à mettre dans sa colonne « crédit », bien entendu. Gardons-nous des manichéismes, laissons le temps aux historiens, peut-être aurons-nous quelques surprises quand tous les éléments seront dévoilés.

L’OM. Ne nous y trompons pas, frères et sœurs supporters, nous vivons une saison remarquable à plus d’un égard ; pourtant, ce matin, je vous savais meurtris, résignés, amers à la pensée de ces trois coups de surin qu’on espérait ne pas advenir, mais qui sont advenus. Comme on pardonne à ses enfants, trop maladroits ou trop fougueux, je vais vous demander, je vais me demander, de pardonner à nos joueurs. Il y aura d’autres matins, ceux-là plein d’allégresse et de fierté. Comme avec nos enfants, jouant dans l’improbable neige.

Merci à @l’orange pour la suggestion de départ.